Julien Fournet, scénariste et réalisateur est venu rencontrer les étudiants de l’ECV Animation Paris. À travers une explication de son nouveau long-métrage, Pil, il a pu leur transmettre quelques conseils pour leur futur dans le monde de l’animation.
Julien fournetJe suis scénariste et réalisateur et je travaille essentiellement pour TAT Productions. J’ai étudié la réalisation à l’ENSAV (École Supérieure Nationale d’AudioVisuel de Toulouse) et écrit et réalisé de nombreux épisodes de la série « les As de la Jungle ».
J’ai également participé à l’écriture de la Bible de la série, et j’ai écrit et réalisé le long métrage « Pil », distribué par SND.
J: Mon quotidien chez TAT varie entre les phases d’écriture et de réalisation. Pour la série Les As de la Jungle, on travaille en équipe avec les producteurs et la directrice d’écriture pour trouver des pitchs (des idées d’épisodes). Chaque auteur passe ensuite en phase d’écriture. C’est un processus assez solitaire. Mais à la fin de chaque étape du scénario, l’équipe se retrouve sur des temps de réunion pour valider ou corriger les épisodes.
Sur le long métrage, les sessions de travail « en solitaire » étaient plus longues, mais finissaient toujours par une réunion de lecture et de validation ou de correction avec les producteurs.
Pour ce qui est de la réalisation, le rythme est très différent. C’est un travail d’équipe permanent et la journée est composée de réunions, de briefs (pour lancer une équipe sur sa prochaine tâche), de validations (corriger ou valider le travail rendu) ou d’organisation des semaines à suivre avec les assistantes réalisatrices.
J: Les contes de fées, la légende arthurienne, Robin des Bois et tous les films d’aventures qui se déroulent au moyen-âge. L’excellent « Princess Bride » de Rob Reiner fut notre référence la plus chère.
J: Je voulais que Pil soit l’exact opposé du stéréotype de la princesse un peu ringard qu’on a connu jusqu’à la fin des années 90. Donc, Pil n’est pas élégante, elle est crasseuse, farouche, très débrouillarde, n’aime pas qu’on l’aide ou qu’on fasse les choses à sa place. Physiquement, je voulais qu’elle ait l’air d’une punkette, mais ça ne collait pas trop avec l’époque du Moyen- âge.
Son créateur graphique, Guillaume Poux a eu l’idée de s’inspirer d’une coiffure de la série Vikings pour lui donner ce look si particulier.
J: Ce fut une aventure longue et instructive, mais pour tout dire, j’ai perdu pas mal de temps en partant sur de fausses pistes. J’ai poussé un peu trop loin l’écriture des premières versions du scénario alors que le personnage de Pil n’était pas encore assez défini.
Son objectif principal et son défaut principal, deux éléments narratifs qui vont complètement orienter le film, n’ont été clairement définis que tardivement. À partir de là, la structure de l’histoire a pu se construire et j’ai pu passer du temps sur les personnages secondaires, qui furent un vrai plaisir à écrire.
J: Sur les 3 ans qu’a duré la fabrication du film, il y a eu plusieurs moments difficiles. En pré-production par exemple, finaliser l’animatique alors que la narration demande encore des modifications du scénario est extrêmement délicat : on tranche et on réécrit des passages entiers que les story-boardeurs sont en train de dessiner.
En production, on avait vu un peu gros en termes de quantité de personnages : les finaliser et les setuper à temps fut là aussi une véritable épreuve d’endurance pour les équipes.
Enfin, le rendu des images du film a lui aussi été un gros morceau. Des scènes extrêmement lourdes (entre autres problèmes) rendaient le travail de l’équipe vraiment laborieux. On a dû avoir recours à quelques ruses de sioux pour réussir à sortir le film à temps. Il a été terminé 12 jours avant de sortir en salle, je vous laisse imaginer le stress…
J: Le plaisir de raconter des histoires, de créer des personnages et leur univers. La pratique du dessin et du jeu de rôle m’ont pas mal orienté vers la réalisation, mais l’écriture est un pan de mon travail beaucoup plus solitaire que j’affectionne aussi beaucoup.
J: Rien qu’ils ne sachent déjà je pense : le travail personnel, en plus de votre formation, est indispensable pour réussir à bien cerner vos points forts et développer ce qui vous plaît le plus dans l’animation. Prenez le temps de vous faire une bonne culture cinématographique mais « pas que » : le théâtre, la littérature, les visites au musée, la BD… Tout ça peut nous nourrir et nous donner de la matière pour nos prochaines créations. Restez curieux et passionnés.
J: Mystère… J’ai deux projets de longs-métrages et une série. J’espère que l’un d’eux aboutira avec TAT productions, car je suis très attaché à l’équipe. En tout cas, mes prochains mois seront très certainement consacrés à l’écriture, et à regarder tous les films que j’ai en retard depuis la fin de Pil.
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