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Portrait d’un alumni ECV devenu une référence internationale du design et de l’éco-conception

Lorsque Sylvain Boyer parle de son métier, il déplace immédiatement la conversation : chez lui, le design n’est ni un style ni une esthétique, mais un acte de transformation. Il préfère évoquer des notions rarement associées à la création visuelle : monde, impact, responsabilité, liberté. Pour lui, concevoir n’est jamais anodin.

« On a l’opportunité de créer le monde à son image. Sans avoir la prétention d’être Dieu, on fait malgré tout le même métier que lui. »

Ce regard, à la fois humble et immense, dit beaucoup de sa manière d’aborder la discipline. Sylvain fait partie de ces créatifs qui dépassent la simple production graphique : il interroge les usages, questionne les récits, secoue les évidences et réinvente les règles du jeu.

Ce portrait revient sur sa vision, son rapport au design et les transformations profondes qui, selon lui, redéfinissent les futures responsabilités du designer.


Crédit photos : Sylvain Boyer

Aux origines : une génération qui découvre le digital

Lorsqu’il arrive à l’ECV au début des années 2000, le paysage créatif est en pleine mutation : le digital émerge, les réseaux sociaux n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, et de nombreux métiers n’existent pas encore.

« C’était le début du digital, le début des réseaux sociaux. […] On était à la genèse d’un nouveau monde. »

Pour Sylvain, ces années sont synonymes de découverte, d’audace et d’apprentissage permanent.
Le design n’est pas pour lui un secteur ; c’est un territoire infini, en perpétuelle évolution.

Le designer comme explorateur : changer de culture, changer de monde

Ce qui interpelle dans son parcours, c’est la diversité des univers qu’il traverse. Un jour, il collabore avec un constructeur automobile en Chine. Le lendemain, avec une entreprise française spécialisée en intelligence artificielle. Puis un club de sport.

« On navigue d’un univers à un autre, d’une culture à une autre… C’est très enrichissant d’un point de vue professionnel, mais surtout d’un point de vue personnel. »

Pour lui, le design est avant tout une aventure : une succession de projets, de rencontres, d’idées à défendre parfois victorieuses, parfois non.

« Ce n’est pas un métier linéaire. C’est un métier très sinusoïdal en émotions. »

Eco-Branding : quand le design devient une science de l’impact

En 2016, Sylvain crée ce qui deviendra le pilier de sa reconnaissance internationale : Éco-Branding.
Un concept visionnaire basé sur une idée simple, mais profondément transformatrice : mesurer l’impact environnemental de chaque choix graphique.
Il part d’un constat : une image, une vidéo, un site web… consomment de l’énergie et des ressources.
Et au-delà du “coût technique”, le design influence nos comportements : il peut encourager une décision, un achat, une consommation.

« Nos métiers ont un impact. Les visuels qu’on montre, qui font partie de notre paysage, orientent aussi parfois une décision, un achat ou une consommation. »

L’Éco-Branding introduit alors une approche scientifique dans la direction artistique : analyse des consommations d’encre, d’énergie, de papier, de poids numérique… Chaque décision créative devient un levier de sobriété.

Spécifiquement, il trace une frontière nette entre deux pratiques :

« La limite entre greenwashing et éco-conception ? Quand l’image devient une preuve, ou si l’image est juste une promesse. »


Crédit photos : Sylvain Boyer

Le métier de designer face aux nouveaux combats

Sylvain rappelle qu’en 2007, lorsqu’il obtient son diplôme, la conscience climatique est encore faible. Depuis, le monde a changé et la responsabilité des designers avec lui.

Aujourd’hui et demain, plusieurs enjeux s’imposent :

  • L’urgence écologique : la conception responsable devient impérative.
  • L’impact technologique et l’IA : création assistée, propriété intellectuelle, décentralisation des pratiques.
  • Mais aussi, le droit d’auteur.

Une nouvelle génération sans frontières

Ce qui inspire le plus Sylvain aujourd’hui ? La liberté des jeunes designers.

« Elle n’a pas de barrières, il n’y a plus de frontières.Tout est totalement libre et décentralisé. »

Grâce aux contenus pédagogiques, aux coulisses dévoilées par les agences, aux ressources en ligne, les étudiants disposent aujourd’hui d’un accès sans précédent à la culture design. Un changement profond, qui redéfinit la manière d’apprendre, de créer et de collaborer.

Ce que représente Sylvain Boyer pour l’ECV

Pour Sylvain, le design est un métier hybride : à la fois extrêmement professionnel (méthodes, rigueur, stratégie) et profondément personnel (valeurs, sensibilité, convictions). C’est cette dualité et cette quête de sens qui caractérise son parcours.

Alumni emblématique, Sylvain incarne plusieurs fondamentaux de l’école :

  • La curiosité qui ouvre les mondes
    changer de culture, d’univers, de client, sans perdre sa vision.
  • L’exigence créative
    Explorer, rater, recommencer, défendre, affiner.
  • La responsabilité
    Créer en conscience, penser l’impact, montrer l’exemple.
  • L’audace d’inventer de nouvelles méthodologies
    Éco-Branding est aujourd’hui un repère dans la transformation du design.
  • L’ouverture personnelle autant que professionnelle
    Créer son chemin, et accepter les surprises du parcours.

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