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19 décembre 2019

Klaus⎪3 alumni témoignent sur la production Netflix

En novembre dernier, Netflix annonçait en grande pompe la sortie de son tout premier long-métrage d’animation 2D : Klaus. Cyrielle Baylot, Clément Dartigues et Pierre Gérard 3 alumni de nos campus bordelais et lillois ont travaillé sur ce long-métrage et ont répondu à nos questions !

Quelle est votre spécialité ?

Cyrielle : Je suis cleaner et animatrice 2D.

Pierre : Je suis spécialisé dans le layout, le lighting et le compositing. La plupart du temps, j’interviens sur les productions en tant que compositing artist.

Clément : Je suis concept artist. Je travaille donc directement avec le Réalisateur, le Production Designer et le Directeur Artistique. C’est la partie la plus intéressante selon moi, car elle consiste à designer tout l’univers d’un film. C’est une phase de création pure qui demande beaucoup de temps, de créativité et de patience.

Quel était votre rôle sur Klaus ?

Cyrielle : Je suis rentrée au départ en tant qu’Ink&Paint artist, je mettais en couleurs les personnages. Puis je suis passée en Clean-up. Cette fois-ci, je travaillais sur l’étape juste avant le Ink&Paint, qui consiste à poser la ligne finale de l’animation, tout en mettant au modèle les personnages, en réglant l’animation et en vérifiant que le shot soit sans sautes et sans déformations. Un travail assez stressant, avec des responsabilités.

Pierre : J’étais compositing artist. Cela consiste à assembler tout les éléments des autres étapes de fabrication (background, animation, fx) pour créer l’image finale.

Clément : Sur Klaus je travaillais après l’étape de préproduction, en tant que Layout Artist 2D et Senior Backgrounds Artist 2D. Le layout 2D permet de mettre en place les scènes après le storyboard : on dessine les décors en noir et blanc, on travaille les caméras et l’enchaînement des plans et on crée les premiers posings. Puis vient l’étape de Background 2D avec la mise en couleurs des décors sous photoshop. Après cela, des precomp ou comp Artists, comme Pierre, récupéraient le tout pour préparer le shot final.

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Lighting & Compositing © Pierre Gérard

Avez-vous pu apporter des éléments de votre propre style d’animation ?

Clément : Pas vraiment car la charte graphique du film était déjà établi. Nous avons chacun apporté des connaissances techniques, artistiques et des idées. Nous avons tous un bagage différent et un caractère différent, cela s’est énormément ressenti sur le film.

Pierre : On ne peut pas vraiment parler de « style d’animation » à mon étape de la production. Cependant, on peut faire des propositions pour embellir l’image finale, qui sont approuvées ou non par les D.A et le réalisateur.

Cyrielle : Pour ma part, en IP nous étions assez contraints niveau artistique, hormis l’animation des dégradés en fonction des mouvements des personnages, c’était simplement poser de la couleur. Pour le CU, c’était pire, nous avions des fiches de critères à respecter, et chaque étape devait être analysée par un lead ou un superviseur.

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Clean-up © Cyrielle Baylot

Qu’est ce que cela fait de travailler sur une production Netflix ?

Pierre : Bah tu reçois plein de goodies 🙂 Pus sérieusement un peu de pression ! Ce n’est pas  forcement le fait de travailler sur une production Netflix mais plutôt à cause du projet en lui même. Il y avait beaucoup d’attentes envers Klaus et on ne voulait décevoir personne.

Cyrielle : C’était extrêmement intense : une pression continue, beaucoup d’heures supplémentaires, pas mal de stress et des week-ends à travailler… mais j’ai un tee-shirt Netflix !

Clément : Rien de spécial, je n’ai même pas Netflix ! Je suis venu pour le film Klaus. Nous travaillions avant tout pour SPA Studios. C’est un projet que je suis depuis que je suis étudiant à l’ECV, j’avais vu le pilote en dernière année et je me suis toujours dit que je voudrais bosser sur ce projet. C’est chose faite 🙂

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Concept © Clément Dartigues

Vous avez travaillé pour le studio madrilène SPA. La maîtrise de l’espagnol était-elle obligatoire ?

Pierre : Non du tout, c’est plus pratique pour la vie courante mais au studio on parlait en anglais étant donné que les gens venait d’un peu partout dans le monde.

Cyrielle : Je parlais déjà espagnol avant d’arriver chez SPA, ce qui était un plus pour ma part. Des cours d’espagnol ont été mis en place pour les personnes souhaitant apprendre ou s’améliorer dans la langue, afin de s’intégrer plus facilement au pays. En revanche, le studio avait bien précisé que l’anglais était nécessaire.

Qu’avez-vous retiré de cette expérience à l’international ?

Pierre : Premièrement, un bon enrichissement professionnel. C’était vraiment intéressant de travailler sur Klaus car l’image est unique, on n’a jamais vu de la 2D avec un pareil traitement. Et deuxièmement, un super moment dans une ville formidable, entouré de personnes adorables et talentueuses ! 

Cyrielle : J’ai rencontré des personnes extraordinaires, j’ai pris plus confiance en moi, à avoir plus de responsabilités, puis j’ai appris à être plus indépendante dans mon travail.

Clément : Cette production était une des plus enrichissantes pour moi, avec des gens exceptionnels. C’est rare qu’un film d’animation rassemblent autant de talent à la fois et avec une telle dynamique. Il y avait des anciens de Disney, de Dreamworks tels que James Baxter, Sergio Pablos lui-même, Jean-Luc Serrano, Armen Melkonian, Borja Montoro et j’en passe. Il y avait également un grand nombre de jeunes à peine sorti de l’école. Je me souviens de mes superviseurs Layout, Jean Luc et Armen, dire qu’ils n’avaient pas vu autant de motivation depuis le film le prince d’Egypte en 1998. Ce que je retiendrais donc c’est que pour une fois j’avais l’impression de travailler sur quelque chose de nouveau. Beaucoup de gens l’avaient pressenti et c’est pour cela qu’ils sont venus travailler sur Klaus. Le résultat en est bluffant et l’on passe un super moment devant ce conte de noël à la sauce Sergio Pablos.

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Background © Clément Dartigues

Que faites-vous désormais ?

Cyrielle : Actuellement, je suis en recherche d’un autre projet 2D palpitant, même si après Klaus ça risque d’être compliqué. En Espagne, où je vis désormais, ou à l’étranger !

Pierre : Je suis de retour en France et je travail chez Xilam.

Clément : Je suis revenu en France, je fais du Freelance, donne des conférences et prend du temps pour moi. J’espère voir un autre projet sympa arriver à SPA et pourquoi pas repartir en Espagne, ou alors ailleurs, on verra bien.

Un conseil à donner aux étudiants ?

Cyrielle : Crois en toi avant tout !

Clément : Je dirais c’est de se dépasser et de ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort. Vous êtes dans une école d’art avant tout, vous êtes là pour raconter votre propre histoire et vous avez la chance d’être dans un environnement et un cadre qui vous donne l’unique opportunité et les outils de réussir. Pour finir, réaliser votre court-métrage, c’est expérimenter des choses et c’est surtout donner vie à ses idées et son univers. L’occasion ne se présente qu’une fois dans sa vie pour beaucoup de personnes, pour vous c’est maintenant, donc prenez ça comme une chance et foncez !

Pierre : … Never give up ! Ahah

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