Workshop : de nouveaux billets de 5 euros
Lors d’un workshop à l’ECV Nantes, nos étudiants en Mastère 2 Design Graphique ont eu l’occasion de réfléchir à ce que pourrait être le prochain billet de 5 euros.
Accompagnés par Maxime Matias et Enzo Nicolas du studio Rimasùu, nos étudiants ont travaillé durant une semaine pour répondre au brief posé par le studio.
Quelques mots pour vous présenter ?
Rimasùu est un studio de création visuelle polyvalent, mêlant design graphique et photographie, fondé en 2015 par Maxime Matias et rejoint en 2021 par Enzo Nicolas. Nous collaborons avec des institutions culturelles et partenaires privés dans les domaines de l’Art, de la mode, de la culture, du luxe et de la musique.
Nous croyons en une pratique de création plurielle, dans laquelle les techniques et les connaissances de chacun amènent à des formes inédites. Notre démarche tente de confronter le sens et l’esthétique dans le but de construire un projet sincère. Nous pensons que la forme peut permettre de ressentir différemment.
Par le passé, Rimasùu a eu l’occasion de collaborer avec le Ministère de la Culture, la Fondation Bettencourt Schueller, Jacquemus, le Campus des Métiers d’Art et du Design, le Musée des Beaux-Arts d’Agen, Ucon Acrobatics, Corraini Edizioni ou encore l’École des Arts Déco.
Vous avez animé un workshop avec les étudiants en Mastère 2 Design Graphique. Pouvez-vous nous expliquer le brief ?
La Banque Centrale Européenne prévoit en 2024 de concevoir une troisième série de billets, nous voulions proposer aux étudiants durant cette semaine d’imaginer librement le prochain billet de 5€.
Si un État est par nature immatériel et intangible, il existe par ses institutions, ses traditions, sa population et sa culture. Cette existence se traduit par une multitude d’éléments physiques qui sont tant des symboles que des outils d’expression de cette entité. Si l’objet graphique principal incontesté reste le drapeau, régi par des normes et des codes mondiaux, la monnaie en constitue un vecteur d’usage quotidien profondément ancré. L’échange de biens trouve ses premières traces dans les racines de l’humanité, rapidement suivi par le développement de protomonnaies locales puis la généralisation de moyens standardisés tel que les métaux, prenant rapidement la forme de pièces. Afin de suivre l’intensification des échanges, et l’augmentation progressive des montants échangés, le billet de banque fait rapidement son apparition.
Maxime Rimasùu« Au cours de ces 5 jours, nous avons taché d’apporter aux étudiants une ouverture d’esprit sur les objets graphiques de notre vie quotidienne et sur la force symbolique des formes graphiques »
Un billet de banque est donc un objet graphique particulier sans valeur intrinsèque : il « représente » un montant symbolique, s’appuyant sur la protection de l’État. Ainsi, un billet de 5€ vaut 5€, pour tous et dans l’ensemble de sa zone de circulation. Cette valeur confère au billet une aura particulière, permise par de nombreuses particularités graphiques. Tout d’abord, un billet doit représenter l’État par ses typographies, ses éléments graphiques et représentations symboliques (personnages célèbres, monuments ou évènements historiques, patrimoine matériel ou immatériel…etc). Surtout, il doit être infalsifiable, afin d’en garantir la sécurité de sa valeur, passant par une matérialité particulière (procédés d’impressions, fabrication du papier…etc) ainsi que des éléments graphiques précis et techniques : trames, filigranes, miniatures, symboles cachés…etc.
Comment s’est déroulé ce workshop ?
Ce workshop en groupe s’est articulé autour de plusieurs axes.
Tout d’abord d’appropriation et de documentation; par la présentation d’un grand nombre de billets – de toute époque et origine – issus de notre collection personnel, par la remise à chaque groupe d’un actuel billet de 5€ et par l’acquisition par chacun d’un billet étranger auprès d’un numismate nantais identifié.
Ensuite, de recherches symboliques et sémantiques afin d’établir les bases conceptuelles du projet de billet, ainsi que des recherches graphiques d’appropriation du langage graphique du design fiduciaire, accompagnées d’une introduction à Stochaster et Vectoraster.
Les jours suivants ont été focalisés sur la création graphique par chaque groupe d’une proposition alternative d’un billet de 5€, recto et verso, avec une gamme colorée commune à tous.
Le quatrième jour du workshop fut dédié à l’impression offset, en 4 tons directs dont métallisés, des planches au sein de l’imprimerie Parenthèses à Nantes, à l’apprentissage et l’observation du processus d’impression, de la préparation des plaques à l’objet fini.
Enfin, le dernier jour a été dédié au rassemblement et à la mise en forme des recherches, afin de rendre lisible le processus créatif de chaque groupe et à rendre plus lisible les concepts de chacun. Le workshop s’est achevé par la présentation publique au sein de l’école des différents éléments : recherches, billets finals, planche globale.
L’équipe de l’ECV Nantes remercie le studio Rimasùu, son fondateur Maxime Rimasùu et Enzo Nicolas pour avoir suivi nos étudiants, ainsi que l’imprimerie Parenthèses et Fedrigoni, les partenaires qui ont rendu possible l’impression offset et l’aboutissement de ce workshop.
Photos par Maxime Azeggagh