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28 octobre 2022

Portrait : Vincent KESTELOOT, Réalisateur et Intervenant à l’ECV Paris

À l’ECV Paris, la dernière année d’étude de nos étudiants du cursus Animation est consacrée à la réalisation d’un court métrage animé, afin qu’ils puissent vivre l’expérience d’une production en équipe.

Selon la spécialisation choisie, ils tiennent un ou plusieurs postes et participent tous à la création d’une histoire unique, qui sera ensuite présentée à un jury de professionnels avant de partir en festival dans le monde entier.

Durant cette dernière année intense, les étudiants sont accompagnés par des professeurs et intervenants professionnels qui continuent de leur apprendre les bonnes pratiques et les savoirs importants du secteur, et qui les forment sur des techniques précises en fonction de leurs projets.

Nous sommes ravis de pouvoir bénéficier de ces moments de partage pour que nos étudiants rencontrent des professionnels aguerris, comme Vincent KESTELOOT, réalisateur.

 

 

 

Peux-tu te présenter ?

Vincent Kesteloot, 51 ans et presque autant à m’intéresser à la narration et à l’image à travers le cinéma, la peinture, la bande dessinée et la littérature. D’abord comme simple lecteur ou spectateur, puis en dessinant ou en racontant des histoires, jusqu’à devenir réalisateur.

Quel est ton quotidien en tant que réalisateur ?

Mon quotidien de réalisateur sur un film évolue en même temps que les étapes. Mon activité sera très différente si j’analyse le scénario, si je monte le film ou si je collabore avec les équipes techniques et artistiques qui produisent les images ou les sons du film. Personnellement, j’apprécie cette variété, même si cela demande une bonne organisation.

De manière classique, le travail du réalisateur est divisé en 3 parties : la pré-production, la production et la post-production.

La pré-production est une période de foisonnement créatif, la mission principale du réalisateur est de maintenir un cap et une cohérence parmi toutes les directions possibles. Il faut aussi équilibrer les intentions narratives et artistiques avec les moyens disponibles pour le projet : le budget, les délais, les ressources humaines et les techniques disponibles.

Toutes les décisions prises durant la pré-production vont impacter le quotidien des 2 années de production pour une centaine de personnes. C’est une lourde responsabilité.

Durant cette période, je communique avec chaque équipe pour maintenir le cap préalablement déterminé, en cas d’imprévu ou de difficulté technique, je dois arbitrer ou trouver une alternative.

Enfin, je m’occupe aussi du montage son et image. C’est une partie que j’apprécie beaucoup et qui m’aide à conserver une vision du film dans sa globalité, car le quotidien a tendance à focaliser les problèmes sur une séquence ou un plan.

Enfin, la post-production va renforcer l’unité du film et insuffler une dimension supplémentaire au film, avec les bruitages, l’ambiance, la musique, le mixage et l’étalonnage. Cette partie apporte aussi beaucoup de plaisir.

J’ai réalisé ou co-réalisé trois long métrages : « Sammy2 », « Robinson Crusoé » et « The Queen’s Corgi ».

Les 3 films sont différents, mais les objectifs sont les mêmes. D’une part, offrir un grand spectacle pour amuser et faire rêver un public familial. D’autre part, être suffisamment attractif et universel pour favoriser la distribution et le succès du film d’autre part. En étant, réalisateur, j’ai toujours à l’esprit qu’un succès aura des conséquences sur l’ensemble des participants et sur les futurs projets du studio.

Ces films ont été distribués dans plus de 60 pays et le box office en salles des 3 films est supérieur 124 millions dollars, pour un budget moyen de 17 millions. Les films sont ensuite déclinés en attraction ou en série télévisuelle, ce qui augmente fortement leur rentabilité et leur longévité.

Jusqu’à présent, si on accumule les films, les attractions, les courts métrages ou les publicités, j’ai exercé ces différentes fonctions : Réalisateur, Directeur Artistique, Superviseur, Layout-Previz, Monteur, Script Doctor, Scénariste, animateur 3D et 2D, storyboarder, Décorateur. Cela me permet d’aborder beaucoup d’aspect et de répondre aux différentes questions des élèves.

 

                                      

Comment se passe l’écriture d’un film ? 

Sur les 3 longs métrages que j’ai réalisés, ce sont les producteurs qui ont choisi le scénario. J’ai ensuite analysé le texte pour l’adapter aux besoins du studio et valoriser ses compétences.

J’ai aussi effectué des modifications en fonction des choix de mise en scène et de montage qui se dégagent de mes intentions et des propositions de l’équipe durant le storyboard et le layout.

Toutes ces recherches sont communiquées aux producteurs et aux scénaristes et nous cherchons un compromis. Parfois, le scénariste original n’effectue pas ces ajustements, dans ce cas, le scénariste « remplaçant » se concentre uniquement sur les dialogues.

Le public n’est pas nécessairement conscient de la difficulté de chaque film. Parfois, des désaccords peuvent survenir entre les producteurs et je dois réorganiser complètement le film. Ce fut le cas pour le film « Robinson Crusoé » ; pendant 6 mois, le scénario était bloqué et pour maintenir les équipes, j’ai imaginé des séquences d’actions susceptibles de s’intégrer quelque soit la version finale du film. C’était un pari très risqué. Travailler sans scénario pendant plusieurs mois et ne pas dépasser le budget ou la date de livraison, fût mon véritable défi.

Quelle est la partie la plus difficile dans l’écriture d’un film ? 

Un piège classique dans l’écriture est de changer de direction à chaque problème rencontré. Je pense qu’il est inutile d’ajouter des éléments pour faire diversion ou illusoire de penser qu’une nouvelle piste sera sans difficulté. Il faut au contraire rester concentré sur le problème et le résoudre avec les éléments principaux du script pour maintenir la cohérence globale.

Idéalement, dans un scénario, il faut être généreux et impartial : tout est important, on doit aimer chaque personnage et mettre autant d’attention pour chaque détail tout en conservant une vision d’ensemble. Personnellement, j’aime beaucoup cette étape d’un film.

 

vincent kesteloot

L’une des forces de L’ECV, chaque élève aura durant sa formation exploré différents métiers de l’animation, il aura appris à se connaître et à découvrir ses préférences.

Vincent KESTELOOT   |   Réalisateur & Intervenant à l'ECV Paris

Qu’est-ce qui t’a motivé à faire ce métier ? 

L’animation est à la croisée du cinéma, du dessin, de la BD, de la littérature, c’était le terrain de jeu idéal.

Pourquoi es-tu intervenu à l’ECV ?

J’apprécie ces rencontres avec des étudiants et des projets très différents. Il faut successivement et à chaque fois, instantanément se plonger dans leurs univers, leurs sensibilités et leurs connaissances.C’est un travail aussi varié que les élèves, car certains groupes cherchent des idées ou des références, il faut dans ce cas élargir leur horizons ou leur proposer un maximum de pistes pour relancer une dynamique créative. D’autres groupes vont être en demande de méthode pour s’organiser, communiquer et planifier.

Certains étudiants, se focalisent inconsciemment uniquement sur les visuels. Dans ce cas, je les éveille aux potentiels d’un film, cette manière si unique de raconter une histoire en sollicitant le visuel, le son, le temps et le montage.

Le fait d’être intervenant dans une école est un exercice que je recommande à chaque professionnel. Cela permet de solliciter ses propres compétences pour offrir l’analyse et les conseils les plus utiles aux élèves.

Comme beaucoup, je considère qu’en expliquant aux élèves, on s’oblige à mieux formuler et penser les choses. Finalement, c’est bénéfique pour tout le monde.

Un petit mot pour nos étudiants ?

Ils sont talentueux et très différents, donc je souhaite à tous de trouver la formule qui leur convient le mieux pour qu’ils puissent s’épanouir. Que cela soit dans un grand studio ou comme indépendant, que cela soit comme auteur ou comme artiste infographiste.

Cette conclusion souligne, l’une des forces de L’ECV, chaque élève aura durant sa formation exploré différents métiers de l’animation, il aura appris à se connaître et à découvrir ses préférences.

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